
Alors que l’agriculture est en première ligne face au changement climatique, l’agrivoltaïsme reste sans trajectoire claire dans la future politique énergétique française. Sun’Agri appelle à une vision ambitieuse et structurée pour que cette solution innovante joue pleinement son rôle au service des agriculteurs et de la transition.
La PPE 3 revoit ses ambitions à la baisse… et oublie l’agrivoltaïsme
Fin 2024, le gouvernement a lancé une série de consultations pour établir la programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE) pour 2025-2035. Ce document stratégique fixe les grandes orientations de la France en matière de production énergétique.
Mais, dans un contexte d’instabilité politique et de contraintes budgétaires, les ambitions ont été réduites : les objectifs de développement du photovoltaïque passent de 75-100 GW à 65-90 GW d’ici 2035.
Surtout, aucune trajectoire spécifique n’est prévue pour l’agrivoltaïsme, pourtant reconnu comme un levier clé pour concilier production d’énergie renouvelable et adaptation de l’agriculture au climat.
Cette absence suscite l’incompréhension des acteurs de terrain. France Agrivoltaïsme plaide pour un cap clair : 45 GW d’agrivoltaïsme installés d’ici 2035, répartis à parts égales entre élevage et cultures, en cohérence avec les besoins d’adaptation des exploitations agricoles.
L’intégration de l’agrivoltaïsme aux appels d’offres CRE « Sol » et « Bâtiment » est une avancée. En parallèle, la DGEC a lancé une consultation informelle relative aux appels d’offre de la Commission de Régulation de l’Energie.
Une proposition de loi pour encadrer et partager la valeur
En parallèle, le député Pascal Lecamp tente d’apporter une réponse législative avec la proposition de loi visant à assurer le développement raisonné et juste de l’agrivoltaïsme. Cette initiative, soutenu par d’autres députés, cherche à résoudre un point resté en suspens depuis la loi APER : la répartition du partage de la valeur générée par les installations photovoltaïques au sein du territoire et auprès des acteurs agricoles du territoire.
Ce texte introduit plusieurs mesures fortes :
- Redistribution d’une partie des revenus vers des projets structurants pour les filières agricoles locales ;
- Limitation de la puissance à 10 MWc par exploitation (après examen en commission) avec un encadrement de l’emprise foncière à 30 % de la SAU de l’exploitation ;
- Création d’un contrat tripartite entre propriétaire, exploitant agricole et énergéticien, garantissant une répartition équitable des revenus.
Ce cadre vise à renforcer l’acceptabilité locale des projets, tout en évitant la concentration de la valeur au détriment des agriculteurs.
Dans un contexte de double transition, énergétique et agricole, les mois à venir permettront de clarifier les modalités de développement de l’agrivoltaïsme en France. Cadre réglementaire relatif au partage de la valeur et à la contractualisation des projets, ainsi qu’à son intégration aux politiques publiques : autant de leviers à activer pour inscrire durablement cette solution dans les territoires.