Bienvenue dans notre série d’articles dédiée aux solutions climatiques en agriculture, explorées avec l’aide de Serge Zaka, notre expert en agroclimatologie, qui répond aux défis actuels des agriculteurs? Serge partagera son expertise et ses insights précieux lors de notre webinaire spécial sur l’agrivoltaïsme dynamique, une solution prometteuse pour l’agriculture.
Ce webinaire du 26 septembre a mis en lumière des études de cas et des témoignages de ceux en première ligne : les agriculteurs eux-mêmes.
Cet article ouvre le bal en abordant les défis et les innovations qui transforment le paysage agricole du sud de la France.
Ne manquez pas le reste de cette série enrichissante, conçue pour vous fournir les outils nécessaires à la navigation dans l’époque complexe du changement climatique.
Question 1 : Quels sont les principaux défis que les agriculteurs en France vont relever au cours des cinq prochaines années en raison du changement climatique ?
Serge Zaka : En réalité, les défis auxquels nous faisons face se résument en un mot : anticipation. Il va falloir anticiper quoi cultiver, comment, où et quand, en réponse à une pression climatique qui se manifeste de plusieurs façons.
D’abord, nous constatons une augmentation des sécheresses, principalement dues à une réduction des précipitations en été. L’évapotranspiration durant cette période augmente également, tout comme les risques thermiques lors des périodes de floraison au printemps, incluant le gel tardif lié à une floraison précoce. En été, les canicules s’intensifient et, bien que les phénomènes orageux comme la grêle ne soient pas directement causés par le changement climatique, ils restent une constante préoccupante.
Quoi cultiver ?
Pour répondre à ces défis climatiques, nous explorons des solutions climatiques en agriculture, notamment en reconsidérant nos choix de cultures et les méthodes de culture adaptatives. Par exemple, avec la remontée des climats du sud, pourrions-nous envisager la culture de l’abricot jusqu’à Agen ? Ou l’extension de la culture de l’avoine vers d’autres régions ?
Ces questions sont essentielles pour définir ‘quoi’ cultiver.
Ensuite, ‘comment’ cultiver ?
Les innovations telles que l’agrivoltaïsme jouent un rôle crucial ici, en fournissant de l’ombrage via des panneaux photovoltaïques. Cette méthode s’inscrit dans une vision d’agriculture de conservation des sols, visant à protéger la biodiversité et augmenter la capacité des sols à retenir l’eau, essentielle pour la résilience des cultures.
Où cultiver est également en train de changer.
Nous voyons l’émergence de cultures atypiques pour certaines régions : la tomate et la courgette se développent fortement en Bretagne, la vigne gagne du terrain au sud de Rennes et même dans le Nord-Pas-de-Calais.
Quant à la saisonnalité, elle s’adapte aussi. Par exemple, la période de culture de la tomate en Bretagne pourrait commencer plus tôt et se prolonger jusqu’à deux à trois semaines plus tard dans l’année, par rapport aux habitudes actuelles. Ces changements de saisonnalité, soutenus par l’agrivoltaïsme, pourraient permettre de prolonger la saison de protection des cultures pendant les périodes de forte chaleur.
Question 2 : Quelles sont les régions et cultures françaises qui sont aujourd’hui touchées le plus durement par ces phénomènes d’aléas climatiques ?
Serge Zaka : Les régions du sud de la France, comme Montpellier, Clermont-Ferrand et Toulouse, sont particulièrement vulnérables aux changements climatiques actuels. Ces zones voient une augmentation marquée de la sécheresse due à des étés plus secs et plus chauds, exacerbant les conditions déjà difficiles pour l’agriculture. Cette situation demande une adaptation des pratiques et des cultures locales.
Pour répondre efficacement à ces défis, l’adaptation des cultures et des pratiques agricoles est essentielle. Nous devons considérer la migration des types de cultures traditionnellement adaptées à d’autres régions, comme l’extension de la culture de l’abricot jusqu’à Agen, ou de l’avoine vers de nouvelles régions propices. L’utilisation innovante des panneaux photovoltaïques pour l’ombrage joue ici un rôle vital, non seulement en produisant de l’énergie mais également en modifiant les microclimats locaux pour mieux protéger les cultures.
Dans des régions comme la Bretagne, des cultures généralement adaptées à des climats plus chauds, telles que la tomate et la courgette, commencent à prospérer. Même la culture de la vigne s’étend au sud de Rennes et dans le Nord-Pas-de-Calais, illustrant un déplacement significatif des zones agricoles traditionnelles en France.
Enfin, la saisonnalité des cultures évolue. La tomate en Bretagne pourrait voir sa saison de culture étendue de quelques semaines, débutant plus tôt et finissant plus tard dans l’année. Ces ajustements, soutenus par des technologies comme l’agrivoltaïsme, offrent des opportunités pour prolonger la période productive et améliorer la résilience des cultures face à l’intensification des conditions climatiques extrêmes.
Question 3 : Le risque climatique fait-il consensus chez les professionnels experts du monde agricole ? Cela appelle-t-il à l’action ou à des stratégies d’adaptation de résilience ?
Serge Zaka : En effet, la conscience du risque climatique est particulièrement prononcée parmi les professionnels de l’agriculture, bien plus que dans d’autres secteurs. Ces derniers, souvent éloignés des réalités environnementales—pensez aux banquiers et à d’autres métiers moins ancrés dans le concret—peuvent paraître déconnectés des urgences climatiques qui nous touchent tous. Les professionnels de l’agriculture ressentent les impacts des changements climatiques directement sur leurs finances. Que ce soit la sécheresse, le gel tardif, ou les vagues de chaleur, ces phénomènes affectent profondément leurs activités, notamment l’élevage et la production laitière.
Depuis deux à trois décennies, les agriculteurs notent également des changements au-delà de leurs champs, typiques du milieu rural. Des signes comme l’apparition de nids d’hirondelles, le chant des cigales, la floraison anticipée de certains arbres en forêt, et l’émergence de nouvelles allergies dues au pollen sont de plus en plus fréquents.
Ces observations, bien ancrées dans le quotidien rural, renforcent leur prise de conscience des changements climatiques. Pour les agriculteurs, ces modifications ne se limitent pas à des changements atmosphériques ; elles reflètent des transformations profondes des écosystèmes, des biosystèmes et des systèmes agricoles. Contrairement à d’autres secteurs professionnels, ils sont en première ligne, ressentant directement l’impact sur leur économie et la variabilité des rendements annuels, ce qui les pousse à demander des solutions urgentes.
Face à cette urgence, l’inquiétude grandit concernant des politiques qui tardent à offrir des réponses adaptées et rapides aux défis immédiats.
Ce premier article a posé les bases des défis climatiques actuels auxquels les agriculteurs du sud de la France doivent faire face, grâce aux éclairages de Serge Zaka.
Dans notre prochain article, nous poursuivrons notre exploration des solutions climatiques en agriculture, avec des stratégies d’adaptation spécifiques, où Serge Zaka mettra en lumière comment l’agrivoltaïsme dynamique offre une réponse tangible
Pour aller plus loin, visionnez le replay de notre visio conférence du 26 septembre. Serge discute des solutions de résilience.